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Nos rêves

Monday, November 24, 2008









« Lydia, raconte-moi tes rêves. »

J’étais assise à ses côtés depuis des heures sans que nous échangeâmes un traitre mot. Nos respirations s’accordaient jusqu’à trouver la note idéale où nul autre bruit ne venait faire intrusion. Le soleil nous enveloppait de sa chaleur et le marronnier lui faisait ombre. Un calme absolu, une élévation au-delà du temps et de l’espace et son sourire, béat, absent, tellement présent par sa force contagieuse. Nous étions heureuse, j’ose le penser, j’ose à peine le croire.

« Mes rêves se limitent à un ciel sans nuages, une étoile scintillante, un vent marin, le gout du sel. »

« Rêves ou souvenirs ? »

« Ils se confondent souvent !

Il y a ce gout tellement réel de sel marin que je lèche par le bout de la langue sur mes lèvres le matin, et puis cette vision tellement irréelle de vagues emportant quelques châteaux de sables ornés de coquillages multicolores qui me hante toute la nuit.

Je ne sais où commence le rêve et où se termine le souvenir. »

Elle prit une profonde respiration, souris en se perdant le regard dans le lointain, fit des cercles dans l’air avec ses doigts longs et fins…ma vision se brouillait…

Je revis les mains de mes rêves, ces mains nues dont les visions nocturnes étaient attribuées à des médicaments que je ne prenais jamais. Des mains nues, jamais les mêmes, toujours belles, gesticulant dans tous les sens, frôlant mon âme, caressant l’air, chatoyant le soleil.

« Et toi alors, raconte moi tes rêves.»

Sa voit revenait de loin m’attirer de mes propres rêveries, telle une douce caresse au réveil.

« Je rêve de mains et de couleurs »

« Rêves ou espoirs ? »


Couleurs

Tuesday, November 18, 2008








J’ai peur de la nuit quand me prend l’envie de quitter mon propre corps, pour espérer rejoindre les limbes ou sombrer dans le passé jusqu’à atterrir dans le ventre de ma mère.

Des couleurs saisissantes remplissent mon esprit divaguant, quand subitement en plein milieu de la nuit fuse de nulle part la couleur rouge, le sang d’un lion gisant, pétrifié, devant sa blessure béante. S’ensuit alors une cohorte de couleurs se bousculant pour attirer mon âme vers un monde enchanté, rempli de merveilles, oiseaux paradisiaques, cieux enchantés, cyprès magnifiques, des hommes et des femmes habillés de draps jaunes, verts, violets, bariolés de rouge.

Et encore une fois le noir obscure, la nuit pesante, la solitude et le chagrin de redescendre du ciel rejoindre l’ici-bas, comme le commun des mortels, morts vivants, errant dans un monde sans début ni fin, arborant des visages hypocrites, tristes, inhumains.

Je souffre la nuit et j’en ai peur.

Le matin, les couleurs s’unissent en ce blanc de lumière qui envahit mon esprit de brouillard et la vie reprend son pouvoir de dicter la trajectoire du soleil, la direction du vent, le crépi des grains de sable, l’odeur des fourneaux, les chatouillements des draps, le murmure des pensionnaires de l’asile…

Lydia s’était confiée, mais son mystère demeure. Celui de ma venue ici, de cette envie qui me prit un jour, au-delà de la nuit et des visions enluminés des limbes, de virevolter autour de mon corps inanimé pour une dernière fois, de lui faire des adieux honorables en le laissant décrépir seul dans un monde de fatuités, le mystère de ce désir incommensurable que j’eus un jour de mourir, demeure.

La nuit

Sunday, November 04, 2007




















« Je ne me souviens ni du passé lointain ni d’hier. Je me rappelle les visages, les noms, les gestes d’affection et même les regards de pitié. Ma mémoire ne retient que des moments instantanés qui ont marqué les autres. Je reste en dehors de ce qu’ils vivent. Je le regrette peut être un peu…

J’aurais bien voulu percevoir autre chose que leurs craintes. Les miennes se nourrissent des leurs et j’en éprouve toujours une grande peur.

Une peur d’être face à un être chagriné.

Je fuis.

Je fuis dans la blancheur du matin.

Il fait tellement sombre le soir, dans leurs cœurs, au-delà du souvenir.

Je fuis aujourd’hui…comme jadis j’avais fuis la quiétude d’une mer traitresse.

Je voudrais rester une enfant, voir le monde avec ce regard d’enfant qui fuit les recoins sombres et aspire à la lumière…sans peut être jamais avoir à y être.

J’ai peur de la nuit. »

Le soleil déclinait vers l'horizon et Lydia s’éloignait…

Elle était venue me retrouver sous le marronnier. Elle est restée silencieuse un long moment. Nous avons admiré ensemble l’ombre de plus en plus majestueuse de l’arbre. Elle a raconté ses craintes, m’a souri et est partie…

Moi aussi Lydia. J’ai peur de la nuit…





Eternelle enfant

Saturday, November 03, 2007







Je suis allée chercher dans les annales. Dans les souvenirs des vieux pensionnaires de l’asile.

Ceux qui avaient vu Lydia arriver il y’a plus de 15 ans en gardent un souvenir plus ou moins flou. Ils n’arrivent pas à se remémorer qui venait lui rendre visite, ni même son image toute petite, sa chevelure, ses habits…mais tous se rappellent très bien qu’elle n’a pas beaucoup changé depuis. Toujours seule. Toujours à sourire pour tous mais aussi pour le vide, les fenêtres et les marronniers.

Une infirmière qui aime papoter avec les pensionnaires me dit une fois que Lydia avait été trouvée sur le bord d’une rivière, en pyjama, l’esprit dans le vide.

On l’avait ramené à l’asile sans avoir réussi à lui extirper une seule information utile si ce n’est un prénom : Lydia. Personne d’ailleurs ne sait si c’est vraiment son prénom, ou si elle l’avait tout bonnement inventé ou repêché d’un souvenir lointain. Les recherches de police n’avaient abouti à rien et les annonces dans les journaux fussent vaines.

J’ai décidé alors d’accepter Lydia telle qu’elle était. Ne plus chercher à connaitre son passé ni à fouiner dans les méandres de ses souvenirs.

Telle était Lydia, une image de ce qu’on voudrait être, femme à jamais enfant, humaine et démon solitaire, histoire intemporelle et éternel sourire.

Et pourtant, un jour elle se dévoila, avec le naturel qui était le sien, avec cette spontanéité consternante de celui qui joue du destin tel le vent des feuilles du marronnier…

Partir?

Wednesday, January 10, 2007


Je me suis décidée à rendre visite à Lydia. Si elle refuse de voir quiconque à part le médecin et les infirmières, je ne perds pas l’espoir de la voir m’accueillir avec ce sourire innocent et chaleureux qu’est le sien.

J’ai cogné deux fois à la porte sans aucune réponse et me suis décidée à l’ouvrir. Elle était devant la fenêtre et dans son champ de vision le marronnier, le banc blanc devant le marronnier et une image fugitive d’une femme en chemise blanche tantôt assise sur le banc, tantôt caressant l’arbre, qui ne pouvait être que moi.

En se retournant elle me vit, me sourit et retourna contempler l’au-delà de sa fenêtre.

- « Tu es prête pour t’en aller ? »

- « Comment le sais-tu ? »

- « Je t’ai vu regarder le ciel avec les yeux d’une femme amoureuse et les oiseaux avec ceux d’un amant jaloux. Tu as envie de voler et… »

Elle se tut, me regarda et attendit que je termine sa phrase.

- « me brûler probablement encore une fois les ailes, revenir ici passer quelques semaines, ou quelques années, et regarder le marronnier et ton sourire, et avoir encore une fois l’envie de voler »

- « En as-tu parlé aux médecins ? »

- « Non, je n’ai pas envie de partir seule. Viens avec moi ! »

- « Mon univers est ici. Ma fenêtre et tous mes arbres. Tous ceux qui sont venus ici et sont repartis, partaient toujours avec le souvenir d’un sourire d’enfant. »

- « Tu seras plus heureuse dehors »

- « Et qui te dis que je ne le suis pas maintenant, plus heureuse que tous ceux qui marchent dans les rues et cherchent vainement un câlin, un sourire, l’humain ? »

- « Soit ! Mais je suis venue aussi te dire que je ne pars pas maintenant. J’ai encore quelques petites choses à faire »

- « Quoi donc ? »

- « Graver quelques souvenirs… »

Elle sourit et se replongea dans l’univers blanc de sa fenêtre.

Je sortis en me disant que je dois le graver, ce sourire, en premier…

Feuilles de souvenirs

Tuesday, November 28, 2006

Ce jour là, je suis restée un long moment à observer le marronnier, pensant à rien.
Un bruit de train se fait entendre de loin. Il me rappelle ces longs voyages que je faisais en sillonnant le pays. Cette sensation singulière de rêvasser en regardant les paysages défiler devant mes yeux, en me sentant immobile, figée, alors que l’espace et le temps s’enfuyaient en sens inverse.
Le cœur et l’esprit était tellement légers que jamais je n’avais senti la moindre crainte de voir arriver le train, ou pire, de constater que l’espace et le temps étaient fatigués de courir l’un derrière l’autre devant mes yeux indifférents.
On m’avait appelé un jour « l’artiste » et ça avait éveillé en moi des souvenirs de jeunesse, des méandres d’un esprit clair, à l’heure actuelle, égaré. Les enjouements de la vie et les rires d’une jeune femme heureuse.
Un tableau d’un visage déconfis. Une peinture décomposée comme le sont aujourd’hui les traits de mon passé et d’un avenir incertain. Un future que j’aurais voulu habiller d’une robe de deuil pour voir enfin la fin du tunnel, mais qu’en cet instant précis je voudrais tellement recouvrir d’un habit de roses et de lumières. Me relever, sortir de cet asile, d’abord celui de mes murs et ensuite cet autre de la vie, de Lydia.
Lydia cette enfant femmes qui, elle, a préféré se réfugier dans cette chaleureuse tendresse qu’évoque l’enfance. La légèreté, la sensation du bonheur par un simple jeu insignifiant.
Je pourrais me relever là maintenant, aller voir un médecin et lui expliquer que je voudrais vivre. Retrouver des marronniers libres dans un jardin où des enfants crieraient de joies ou de faim. Courir sur une plage les pieds nus pour sentir la tiédeur du sable et avoir peur de la vague. Regarder un beau tableau et le voir. Et le soir venant, quand le sombre voile de la nuit déshabille les pudeurs, me retrouver dans les bras d’un amant.
Je resterais ici tout au plus quelques semaines pour passer et repasser tous les examens psychiques en vigueur et je me retrouverai déjà devant les réalités et les rêves d’une vie qui ressemblerait à celles des autres ou peut être serait complètement insolite.
Mais il est encore trop tôt !
Il se pourrait que cette envie nouvelle de renaitre ne soit que passagère. Il se pourrait que l’asile puisse me manquer, Lydia et tous les autres qui peuplent ses nuits de gémissements incertains et ses journées de sourires improbables.
J’ai envie de sourire, bêtement je le concède, car aucune raison ne me porterait à le faire. J’ai envie aussi de me relever de cette contemplation et d’aller toucher les feuilles de l’arbre, les caresser, les humer et partager cette sensation de vie qu’elles exaltent.
Au toucher elles sont tendres et fragiles, quoique de loin elles donnent cette impression de force, de vigueur, d’immortalité. Les feuilles du marronnier me rappellent cette feuille blanche sur laquelle j’avais écrit dans une autre vie « je graverais ici mes souvenirs, les bons et les mauvais, tels que rien ni personne ne puisse me les faire oublier ».
Les souvenirs. Ceux d’une enfance en mal de vivre, mais heureuse. Ceux d’une jeunesse épanouie mais fugace. Ceux de la jeune femme fragile que je n’aurais jamais du abandonner au désarroi de la solitude.
Une peur me saisi subitement. J’ai peur d’oublier cette lumière claire du matin qui me conjure de la rejoindre. J’ai peur de voir s’arrêter le train dans une gare où personne ne m’attendrait…

Solitude

Sunday, October 08, 2006











J’ai du m’accommoder de l’absence de Lydia tant bien que mal. Je mangeais toujours trop peu, mais il m’arrivait d’oublier cette joie interne, cette excitation insoupçonnée que suscitait toujours en moi ma mort imminente, pour sombrer ensuite dans une apathie usante. Je m’ennuyais.

L’ennui est le pire ennemi qu’on puisse affronter lorsqu’on cherche à en finir avec la vie. Il nous pousse à le fuir en cherchant les joies d’une vie dont on veut se détacher. Un traître qui nous fait nager contre courant, contre notre volonté propre d’aller vers l’abîme.

J’ai fini par m’en sortir en combattant mon ennui par une mégère encore plus redoutable, la solitude. Cette tendre absence du monde qui me replonge dans des idées sans lumières, un long tunnel sans fin, peuplé du néant…

Un jour que je cherchais dans les couloirs blancs une attraction quelconque pour vaincre mon ennui, je me suis retrouvée devant la chambre de Lydia. J’ai subitement pensé à elle sur son lit blanc, devant la fenêtre blanche…cette lumière blanche aveuglante, cette absence de couleurs, d’arc en ciel, de souffles étrangers, et la solitude m’absorba alors d’un coup alors que je suis restée figée dans le couloir vide, c’était mon salut, mon refuge, mon tremplin vers un monde où seuls comptent mes desseins de quitter le monde médiocre et ennuyeux des gens ordinaires.

Je venais de découvrir mon amie, ma compagne des froides journées d’automne et de toutes ses nuits sans lumière.